Ce texte n’est pas un guide - C’est un transit. STADE I
Le chien, la marde, le koan du matin
STADE I – Le chien, la marde, le koan du matin
“Koan : Devinette zen japonaise. Normalement c'est poétique. Là, c'est avec de la marde.”
🍽️ Le festin sacré
Ce matin-là, mon chien a mangé de la marde. 🐶💩
Pas un accident. Pas un malentendu.
Une action claire, propre, préméditée.
Il a reniflé, jappé doucement, goûté.
Pis moi, comme un épais, j’ai d’abord ri. 😂
Un rire nerveux.
Nerveux comme la fois où Kevin m’a dit :
« Ça marche pas, ton affaire de mettre sa tête dans le micro-ondes pour enlever le stress. »
Moi, j’avais dit ça en joke.
Je savais pas qu’il s’appelait Kevin.
Bref, après avoir bien rigolé de ce snack improvisé,
j’me suis quand même demandé :
Est-ce qu’il s’est fait insulter au parc à chiens ? 🤔
« Genre, Ti-Poux, le gros berger allemand badass 🐕🦺 qui fait sa loi parce qu’il pense avoir compris Nietzsche, lui aurait grogné :
Comme dirait Nietzsche, va donc manger d’la marde, c’est ça la vraie liberté. »
Et lui, ben… il l’a écouté.
Comme si ça allait de soi, parce que quand quelqu’un parle fort pis name-drop des références, ben… tu finis par trouver ça logique.
Vrai même pour un chien.
Nous autres, bipèdes socialisés, on a remplacé le collier par du libre arbitre…
ça stroke le cou pareil, et laisse l'illusion que ça n’laisse pas de trace.
Ouais c’est ça, on dirait pu qu’on marche à quatre pattes, juste parce qu’on s’tient sur deux jambes.
J’TE DIS, C’EST STANLEY MILGRAM QUI EN A PARLÉ DANS SON LIVRE OBEDIENCE TO AUTHORITY. 📚
👀 Le regard qui juge
Et là, pendant que je le fixais avaler sa merde ben relax,
mon voisin pis Ti-Poux sont justement revenus du parc,
pis ils m’ont clanché un regard full jugement synchronisé.
Un consensus absolu.
J’ai levé les yeux pis j’ai dit :
« Au moins, lui, il la ramasse… pas comme toi, Kevin. »
Ouais. J’y ai dit ça.
Frette de même. 🥶
Dans ma tête.
Mais j’l’ai dit pareil.
– Approche un peu.
– Comme ça ?
– Non, plus proche.
– Pis là ?
– Ouais, comme ça.
– Depuis l’affaire du micro-ondes, j’suis plus prudent avec ce que je lui dis, parce que lui, il se demande pas où il la met, sa tête.
– C’est bon, tu peux reculer.
Pour vrai, ça m’arrangeait un peu, j’avais oublié mes sacs à crottes. 🛍️💩
Pendant qu’on savourait chacun notre affaire,
lui, son snack douteux,
moi, ma réplique pas assumée…
eux sont rentrés chez eux, l’air de rien.
Pis là, ça m’a pogné.
Un genre de coup dans la gorge.
– De la nausée ?
– Non.
Un frisson de gorge… mais mental. 😳
Et si… mon chien savait quelque chose que j’ai oublié ?
– Les sacs à crottes ?
– Non.
– Un flash new age de chien initié au microdosage ? 🍄🐕
– Non plus. Mais c’est pas fou. Laisse-moi finir, pis tu poseras tes questions après.
Non, mais tsé ! 🤌
Et si, dans son geste, y’avait une mémoire plus ancienne que la mienne ?
Comme s’il touchait à quelque chose que j’ai perdu,
le jour où on m’a appris à dire « beurk »…
sans même savoir que c’est pas moi qui trouvais ça dégueu.
Ton estomac, lui, il est là, assis dans un coin sombre comme un vieux philosophe,
en train de rouler des enzymes 🧪🍲 en attendant que tu t’écoutes pour vrai.
☕ Scène de crime sacrée
J’étais là, debout, dehors,
avec une laisse dans une main,
et dans l’autre, mon café tiède ☕ qui masquait l’arrière-goût d’un petit bras guatémaltèque optimisé pour produire sans protester,
à fixer le bout de pelouse souillé,
comme si j’étais tombé sur une scène de crime… sacrée. 🩸
Parce que moi, j’ai fait des thérapies.
Moi, j’ai lu des livres. 📚
Moi, j’ai fait un atelier de danse intuitive, pis une retraite de respiration dans une yourte chauffée au gong.
Moi, j’ai fait du yoga tantrique sur Zoom, pis j’ai crié dans un oreiller en forme de chakra.
Moi, j’ai fait une cérémonie de cacao 🍫, et j’ai écrit une lettre à mon enfant intérieur… que j’ai publiée sur Instagram. 📸
Moi moi moi. BLA BLA BLA. Zen zen zen.
Un buffet de moi, pour moi, servi par moi…
c’est un all-you-can-eat. 🍽️
— Chī hǎo hē hǎo.
— Ché-ché !
Pis mon chien ?
Son buffet à lui, c’était peut-être pas chinois…
mais juste un tas de vérité encore tiède. 💩✨
Fait que…
est-ce que c’est moi qui évolue…
ou lui qui est resté collé
à quelque chose de fondamental ?
Je sais, ça a l’air niaiseux comme question.
Et pourtant, c’est elle qui m’a saisi,
comme l'air d'un rang au printemps. 🌱
T’sais,
quand les champs viennent juste d’être engraissés…
pis que c’est ton nez qui a la sale job
de te rappeler c’que tu respires. 🤢
Bon,
tant qu’à avoir ce p’tit goût de surette dans le fond du nez,
je vais en profiter pour te lâcher
une vraie joke de marde.
Tu sais comment y font,
le monde qui vit dans ces rangs-là,
pour continuer à vivre là ?
Ben… ça pue tellement fort qu’à force,
ils sentent purin.
Mais moi ?
Moi j’ai déménagé en ville pour plus sentir.
Et j’ai payé 200$ à un coach de vie IA 🤖
qui me répète de « respirer dans mon alignement »…
pendant que ça sentait encore le plastique neuf
de mon diffuseur d’huiles essentielles.
🔄 Boucler la boucle
Revenons à mon chien,
concentré à saper les derniers fragments d’une vérité encore collée au palais.
Encore pogné avec ce goût de purin dans le nez 🤢, j’me suis dit :
Peut-être que ce qu’il a fait là,
c’est exactement ce que j’essaie de faire, moi,
à l’échelle symbolique, depuis des années.
Intégrer ce que j’ai expulsé.
Reprendre une part de moi que j’ai jugée,
évacuée, flushée…
et jamais osée saper jusqu’à l’os.
Goûter à ma shit sans vomir. 🤮
Ma merde mentale, mon côlon imaginaire.
Celle qui me sort du psychique quand j’essaie d’avoir l’air zen.
Me réaligner avec ce que j’ai digéré de travers sans jamais l’assumer. Avaler ma honte comme un hostie de vérité.
Et soudain, comme une graine non-sollicitée qui se dépose délicatement sur une épaule,
un animateur de télé cheap débarque dans ma tête avec un micro :
🎤 « Question boni, mon ami : est-ce que tu essaies de devenir quelqu’un de mieux… ou juste plus présentable ? »
(Pourquoi j’ai des images comme ça qui m’traversent le crâne 🤪 ? Je sais même pu c’que j’disais… ça m’apprendra d’être En mode pompette quand j’écris.)
J’étais rendu où avant d’être coupé par cette pensée parasite mal éduquée…
Ah oui : …me réaligner avec ce que j’ai digéré de travers sans jamais l’assumer.
C’est pas compliqué dans sa tête : si ça l’attire, c’est qu’il en a besoin.
Besoin de besoins.
Il se fout du regard des autres chiens. 🐕
Il se dit pas : « Les autres quadrupèdes du parc vont-tu rire de moi ? »
Je pense pas. En tout cas, sûrement pas Stanley, le vieux tripède du coin 🦿, full zen 🧘♂️ …
Non. Depuis que Stanley est revenu du Pérou, où il a perdu une patte en pleine Kundalini, il comprend, lui.
Il juge pas les sacrifices digestifs.
Non, mon chien est honnête avec ses tripes.
Pis y’a pas honte d’assumer son haleine.
Ce matin-là, j’ai pas vu un chien weird et mal nourri.
Non. J’ai vu un rituel.
Un geste sacré dans une société qui trouve ça trop sale pour le comprendre.
Pis toi ?
Tu fais quoi quand il te manque un morceau ? 🧩
Tu scrolles ? 📲
Tu commandes un livre sur « comment te reconnecter à ton enfant intérieur » ?📖
Tu fais une détox au jus de kale ? 🥬
Tu parles à ton psy comme à une prise de courant spirituelle ? ⚡
Ou tu repostes une citation toute faite, genre « L’univers t’aime », écrite en blanc sur un fond de coucher de soleil ailé, avec une plume floue en transparence ? 🌅
Et t’appelles ça « prendre soin de ton énergie ». ✨
J’te juge pas. 🙏
J’ai déjà googlé « comment ouvrir son chakra du cœur »
en écoutant des vagues artificielles sur Spotify Free (avec pub).
Pis reposté une citation sur l’Abondance,
en italique,
sur un fond de forêt mauve 🌲💜 …
divin.
Mais si on veut vraiment que ça circule…
faudrait peut-être commencer par suer notre vérité, pas juste la décorer.
Pendant qu’on se convainc que le dernier update du coach de vie IA 🤖 , livré avec ses bugs karmiques corrigés, vaut encore ses 200 $…
lui, là, le chien dans la cour,
il fait sa thérapie gratis, tout seul, sur le tas.
Le chien, il chie, il sent, il mange. 🐾
Il boucle la boucle.
Il recycle le vivant. ♻️
Sans filtre.
Sans mantra.
Juste l’instinct.
Pis là, j’me suis demandé :
est-ce que mon chien, c’est pas genre un shaman punk
qui lit l’avenir dans la marde,
pendant que moi, j’essaie de méditer avec une appli à 2,99 $ par mois
qui me dit de respirer… comme un arbre ? 🌲🫁
C’est là qu’un figurant random surgit du trottoir, comme sorti d’un glitch de la matrice. 🌀
Au dos de son T-shirt 👕 , c’était marqué :
« Et si le problème, c’était pas que je suis pas assez zen… mais que je suis trop civilisé ? » 🧐
J’te jure, même mon chien a levé les yeux. 👀
C’est pas moi qui l’invente : c’était écrit sur son linge.
— Synchronicité ?
— J’te laisse y penser.
🏁 Fin du Koan
Et nous ?
On enterre nos merdes, on les parfume, on les nie. 🪦
On est des faussaires de nos propres déchets. 🧻
On chie, pis on oublie que ça vient de nous. 🚽🫣
C’est là que j’ai commencé à écrire ce texte.
Pas pour te convaincre.
Mais pour ne pas l’oublier.
Parce qu’il m’a fait plus réfléchir qu’un coach de vie qui vend de l’éveil avant de t’endormir.
Parce qu’il m’a montré que, peut-être,
la santé commence quand on arrête de rire de la vérité qu’on n’a pas encore digérée.
Bon. Assez tourné autour du tas. ♻️💩
La question qui traîne depuis tantôt, celle que j’évite de poser :
Et si « va donc manger d’la marde »
c’était pas une insulte gustative…
mais un rituel de guérison mal formulé ❓
Peut-être que j’ai trop ri au lieu d’écouter.
Et si c’était moi qui avais besoin d’apprendre… de mon chien ? 🐶
Mon chien me fixe, genre maître zen. 👁️🐕
Il sait la réponse.
Et sans jamais me lâcher du regard…
il s’écartit… pour se lécher une couille. 🙃🐾
Fin du cours.
Fin de cour.
Fin du koan. 🏁
À suivre : une épopée en mou identitaire au dépanneur du coin. Avec Kevin, Ti-Poux, des verres fumés contrefaits, et cette question existentielle : peut-on jalouser le style vestimentaire d'un quadrupède ? Clique pour entrer dans le tribunal intérieur 👀⚖️ → STADE II






Version canine du fecal transplant — en médecine, ça sauve des intestins, no joke!
Allez, je ramène ma science : il paraîtrait que parmi tous les usages pour lesquels nos ancêtres ont domestiqué les chiens, il y aurait justement eu cette fonction de mange-crotte. Ça fait d'une pierre deux coups : moins de risques sanitaires (par élimination des matières dans les campements humains) + ça leur fait du manger dispo à moindre coût. C'est gagnant-gagnant.
Ça ajoute encore une dimension à ton analyse, Dany : c'est pas juste ton chien qui te donne une leçon de vie, mais nos ancêtres qui nous chuchotent la solution au travers de lui. Un peu comme ta question de douche avec les enfants du futur.