Ce texte n’est pas un guide - C’est un transit. STADE II
Le regard qui nous fabrique, le veston métaphysique (ou comment péter sa crédibilité avec du linge trop mou)
(Si t’as manqué le premier épisode de ce feuilleton en mou, clique ici pour rattraper le train. 🚂.
“STADE I – Le chien, la marde, le koan du matin”)
🥖 L’épopée en mou
Dis-moi,
t’as déjà changé de linge juste pour aller acheter du pain au dép ?
Pas parce qu’il faisait frette. Non.
Juste parce que t’avais pas envie d’être vu comme ça.
Comme si, en croisant un inconnu que tu connais pas au coin de la rue,
t’étais à risque de briser ton personnage.
Comme si ton chandail trop mou
allait contaminer ta crédibilité.
La peur de croiser quelqu’un… qui te verrait comme toi tu te vois.
— C’est niaiseux, hein ?
Tu connais l’expression :
« Ce qui nous tue pas nous rend plus fort »
— Ouais, je sais,
aujourd’hui ça fait grimacer les âmes sensibles qui réécrivent l’histoire.
Mais dans l’temps,
les gens se la pitchaient comme une vérité universelle.
Ça tombe bien.
Hier,
après une soirée à réécrire le monde dans ta tête au crayon de plomb ✏️
(parce que l’encre, c’est bon pour les testaments, pas pour les vivants qui doutent encore),
tu t’étais promis que demain,
tu sortirais sans camouflage pour aller chasser ton pain tranché.
— Tu t’es dit, pis t’es ben d’accord avec toi-même :
« Fuck it. J’vais tester leur vieille affaire de “ce qui tue pas”…
et assumer mon mood mou identitaire. »
— 🎉 Bonne job Kevin. Continue comme ça. 🥳👍
🕰️ 8 h 33 AM
C’est l’heure de se maîtriser.
Pour te donner du courage (et je te juge pas, promis),
tu troques tes verres de contact pour des lunettes fumées 🕶️,
pis t’es all set pour descendre dans l’arène asphaltée du théâtre de rue,
où les joggeurs jugent en silence,
et les voisins fument des regards.
Y’a pas de mal à teinter son courage,
même caché sous de fausses Oakley. Kevin.
Parce que tu sais, le vrai problème, c’est pas d’être vu.
C’est de voir que t’es vu.
C’est une inception de jugement.
Tu coupes ça à la racine.
Presque aveugle.
Presque brave.
Quasiment invincible.
Mou ou pas mou… tu sors.
CLACK. 🚪
✅ Porte fermée. CHECK
Deux coins de rue.
Distance normale.
Mission mentale.
Une épopée en mou.
Version ruelle initiatique.
Avec ton courage qui shake comme un ascenseur pris de vertige.
👣 Premier pas
Tu vérifies ton reflet dans la porte vitrée.
Un hoodie flasque.
Un fantôme de jogging.
T’as l’air d’un poème mort. 🪞CHECK ✅
Ton cœur bat trop vite pour un mou qui a juste un pas au compteur.
T’avances quand même.
Parce que t’as promis. Respect.
👣 Deuxième pas
Test du sol.
Est-ce que l’asphalte juge ?
Non. 👣 CHECK ✅
👣 Troisième pas
Une odeur de clope te pique les narines.
Ton voisin.
Il te fixe.
T’es pas sûr. C’est trop flou.
Mais tu préfères t’imaginer que ses yeux scannent ton mou
comme un code-barres périmé. 🧠 CHECK ✅
Ton ego se recroqueville.
Ta vision floue, teintée de courage, t’aide à flotter au-dessus.
T’es un ninja flou : preset furtif.
🏃 Premier coin
Un joggeur.
Full cardio, full jugement dans le mollet.
T-shirt moulant qui crie :
« Si je m’arrête, je pense. »
Son regard glisse sur toi.
Tu t’infiltres dans son cerveau.
Et sans surprise, t’entends :
« Ouf, un mou ambulant. »
C’est fou comme tu cherches pile le regard
qui confirme ta pire idée de toi-même.
Comme un junkie qui a besoin de sa dose de mépris.
T’as envie de rentrer.
De replier ton élan.
Mais t’as pas fait tout ça pour rien.
Tu te retires de son jugement imaginaire.
Tu réintègres ton cerveau.
Tu tiens le coup.
T’es à un coin du dép.
Tu le vois presque.
T’es David contre ton propre Goliath mental. 🪖 CHECK ✅
Tu flottes.
💩 Deuxième coin
Toujours flou..
Un chien mange de la marde. 💩
Son maître le regarde comme s’il décodait l’univers dans les selles.
C’est dégueu.
Mais étrangement libre.
Pas de masque.
Pas de honte.
Et toi ?
T’essaies juste d’assumer ton mou.
Ça te frappe.
Lui, il assume sa marde.
Toi, t’essaies juste de survivre à ton linge.
Ça t’inspire.💡 CHECK ✅
Tu continues à flotter.
🏪 La Traversée
Le dépanneur est là.
À dix mètres.
T’arrives.
La porte s’ouvre toute seule,
comme si elle ne voulait pas que tu y touches.
Tu la traverses.
Porté par l’idée que t’as gagné une médaille mentale dans la catégorie :
Assumer son mou identitaire… dans un théâtre mental joué à ciel ouvert. 🏅
🍞 Le Comptoir
Grab le pain.
Tu marches droit au comptoir.
Une main.
Un dépôt.
Pain presque complet.
Humain à moitié reconstruit.
Et là, tu dis depuis ton podium intérieur :
« Salut toi, j’suis pas dépressif.
J’suis en côlon ouaté identitaire.
J’ai pas l’air de quelqu’un qui va mal,
j’ai juste l’air de quelqu’un qui a arrêté de faire semblant d’aller bien. »
Pis heureusement que t’as dit ça juste dans ta tête,
parce que t’as dit « côlon » au lieu de « coton ».
T’aurais transformé ton coming-out textile en punchline intestinale. 💩😂
Pis là, pendant que ton presque pain fait BEEP 📟,
tu captes un truc :
C’est pas juste ton linge qu’on scanne,
c’est tout ce que t’essaies d’être.
Le linge qui te colore la peau,
c’est pas juste du tissu neutre.
Non.
C’est ton autorisation de circuler dans le regard des autres,
comme t’aimerais qu’ils se souviennent de toi.
C’est ton alibi social.
Ton déguisement de témoin protégé.
Comme si tu portais une fausse identité,
juste pour pouvoir te promener en cavale de toi-même. 🕵️♂️
Parce que, règle non écrite #1 de la psychologie moderne :
Tu deviens pas quelqu’un juste dans ta tête.
Tu deviens quelqu’un dans le regard d’un caissier semi-vivant
qui scanne ton pain, ta prestance et TikTok en même temps. 📱
C’est pas glorieux.
Mais c’est vrai.
👔 Le Veston
Moi, j’me suis déjà dit :
« Si je veux avoir l’air du gars qui a un projet secret révolutionnaire caché dans ses poches,
va falloir que je l’habille. »
Genre :
— Veste semi-chic,
— Regard de mec qui médite sans méditer,
— Pis une casquette à l’envers, usée comme il faut, pour dire :
« J’ai lu deux livres qui m’ont transformé, mais j’vous dirai pas lesquels. » 📚
Pas pour frimer.
Pour survivre à mon ancienne version
qui traîne encore dans le regard des autres.
⚠️ Glitch dans le plan
Mais là…
Y’a un glitch dans le plan :
Les gens qui te connaissent déjà, eux autres,
ils ont pas signé pour ton évolution.
Ils t’ont stocké version :
« Humain potable en mou. »
Pis là, tu veux leur imposer ton DLC « alpha introspectif ». 🎮
C’est là que tu frappes un mur.
Pas un vrai mur.
Un mur de mémoire. 🧱
Leur souvenir de toi est plus fort que ta présence.
Et dans un monde où la mémoire sociale est collée à ton linge,
changer d’habit,
c’est pas juste changer d’image.
C’est bousculer leur certitude de qui t’es supposé être.
Et ça,
l’humain aime pas trop ça :
être forcé de mettre à jour quelqu’un.
C’est lourd pour le cerveau.
C’est comme dire :
« Hey, ton idée de lui, elle est plus bonne.
Jette-la pis recommence. »
Mais eux,
ils ont pas envie de rebrasser leur perception
pour ton éveil personnel.
Parce que si tu changes trop,
tu deviens un rappel gênant qu’eux,
ils changent pas.
Et ça, crois-moi,
ça dérange plus que ton nouveau veston. 👔
😂 Résultat ?
Ils rient.
Ils roastent.
Ils sortent les jokes passives-agressives :
— « Wô le veston ! Tu fais une conférence de presse sur le pain multigrain ? » 🥖
— « Laisse faire ton veston, Kevin.
T’étais ben correct en mou hier,
quand tu jugeais un chien qui mangeait de la marde. » 🐕💩
— « T’as mis combien de temps à te pratiquer pour avoir l’air pas pratiqué ? »
Pis même si c’est juste une joke…
ça pique. 🩹
Parce qu’ils t’aiment comme t’étais.
Parce qu’ils savent pas encore comment t’aimer comme tu deviens.
T’as besoin des autres pour devenir toi.
Mais faut pas attendre qu’ils soient prêts.
Et pendant que t’attends leur validation,
ton ventre, lui,
encaisse le stress en silence. 😬
🌡️ Le Verdict intérieur
Et là, toi…
t’étouffes.
Pas à cause du veston.
À cause du doute.
Parce que leurs regards
ont encore plus de permissions
que ta volonté.
Pas juste des permissions :
t’as littéralement transformé ta vie en procès public.
⚖️ TRIBUNAL INTÉRIEUR – SCÈNE 1
👨⚖️ Président de séance :
« Silence dans la salle !
Aujourd’hui, nous jugeons Kevin,
accusé de crime vestimentaire prémédité. »
👀 Témoin #1 (voisin) :
« Je l’ai vu sortir en veston.
Il avait l’air d’essayer. »
🏃 Témoin #2 (joggeur) :
« Objection ! Il a même pas transpiré ! »
👥 Jury (en chœur) :
« COUPABLE ! »
🔨 Verdict :
— Sentence : retour en mou immédiat.
— Peine : humiliation sociale avec sursis
jusqu’à la prochaine tentative.
TOC ! TOC ! TOC ! 🔨
(Marteau qui claque.)
Alors tu replies ton veston.
Tu replies ton élan.
Tu plis ta vie en origami d’acceptabilité sociale. 🪁
Et tu redeviens :
« Le doux rêveur en mou »
Domestiqué par des regards flous. 👁️👁️
🧠 Mise à jour cognitive
Mais faut que tu saches :
C’est pas toi qu’ils protègent.
C’est leur image de toi.
Pis cette image-là,
elle aime pas les surprises.
Ton veston, pour eux,
c’est pas un accessoire.
C’est une attaque cognitive. ⚡
Une mise à jour non sollicitée
dans leur catalogue de certitudes.
Mais toi,
mon beau Kevin métaphysique,
t’as pas besoin de leur autorisation
pour devenir mythique. 🌟
T’as juste à tenir ton rôle.
Assez longtemps.
Avec un brin de flair ✨
pis un petit air de :
« Je suis pas encore célèbre, mais ça s’en vient. »
Pis à force,
leurs cerveaux vont updater le dossier. 🧾
Un jour,
ils vont même te trouver :
« Charismatique. »
Pis ils vont oublier
que t’étais juste un :
« Gars ben correct en mou. »
Et là…
💣 BOOM 💣
Toi aussi, tu vas y croire.
🐕 Scène finale
Mais l’épopée en mou, c’est pas fini.
Faut revenir, ton pain sous le bras,
héros post-traumatique de l’intimité. 🥖
Et t’as pas fait trois pas en sortant du dép
que t’es déjà de retour
à la scène du chien qui mangeait de la merde. 💩
Mais là, il la mangeait plus.
Il était en train de la saper.
Concentré. Appliqué.
Comme si son palais voulait pas en perdre une trace.
Un dernier goût sacré, bien incrusté. ✨
Juste à côté, son maître, toujours là,
toujours stoïque à le regarder intégrer son festin.
Et là…
t’assistes à une scène presque chorégraphiée.
Un autre duo débarque :
un gars en mode alpha tranquille,
avec un gros berger allemand badass. 🐕🦺
— « Kevin et Ti-Poux ? »
— « Ouais ! Exactement. Cool, tu suis bien. »
Ils s’arrêtent pile.
Ils regardent la scène.
Le chien à l’haleine de selle,
le maître toujours en mode contemplation.
Et là, tu le sens :
un jugement tombe.
Sec.
Silencieux.
Parfaitement synchronisé. 🫥⚖️
🪞 L’ironie cosmique
Et toi…
ironie cosmique…
t’en balances un aussi.
Pas sur le chien qui lèche l’invisible.
Non.
Pas sur son maître en pleine transe existentielle.
Non plus.
Sur le chandail du berger allemand. 👕🐕
Ouais.
Toi qui viens de sortir en mou identitaire furtif pour acheter du pain multigrain,
toi qui t’assumes à moitié effacé
derrière un regard flou teinté couleurs de contrefaçon discrète,
C’est pas le chien qui mange de la marde qui déclenche ton jugement.
Non.
C’est le style beaucoup trop sharp de Ti-Poux.
Un chandail en cachemire.
Propre.
Trop bien taillé.
Beaucoup trop digne
pour un quadrupède à potentiel scatophile.
Et là, tu captes l’ironie parfaite :
Tu t’habillais mou,
t’as peur d’être jugé…
et c’est toi qui juges le chandail d’un chien.
T’avais pas tes verres de contact,
mais tu l’as lu pareil.
Gravé comme une prophétie,
le chandail de Ti-Poux hurlait :
« Ce qui nous tue pas nous rend plus fort. »
Pis t’as pensé :
Si Nietzsche savait qu’on imprime ses punchlines
sur du cachemire ouaté pour chien mou,
il dirait juste :
« Je vous l’avais dit. Dieu est mort. » ☠️
🔮 La confidence
Juste avant de reprendre ton pèlerinage identitaire,
le dude, celui qui contemplait un vide sacré,
te fait signe et te dit :
— « Approche un peu. »
— « Comme ça ? »
— « Non, plus proche. »
— « Pis là ? »
— « Ouais, comme ça.
Depuis l’affaire du micro-ondes, j’suis plus prudent avec ce que je lui dis,
parce que lui, il se demande pas où il la met, sa tête. »
— « C’est bon, tu peux reculer. »
Tu piges pas trop cette confidence non sollicitée.
Pas grave.
Ça sonne pas fou.
Tu fais comme si tu comprenais.
Tu l’écoutes.
Tu recules.
❓ La Question qui Pique
Et en finissant de rentrer,
avec ton butin de pain encore chaud,
y’a cette question qui te claque l’esprit,
juste assez pour laisser un picotement existentiel :
« Si je juge le chandail d’un chien…
c’est-tu parce que j’suis jaloux ? »
Jaloux d’un chien…
qui assume son look autant que ses habitudes alimentaires. 🐕💅
Pendant que toi,
t’arrives même pas à assumer ton hoodie pour aller chercher du pain.
🚪 Clôture
Tu rentres chez vous.
Le chien continue son traité philosophique en plein air.
Kevin et Ti-Poux disparaissent au coin de la rue. 🌆
Mais toi…
tu sais plus trop qui tu es supposé être.
À Suivre…
Kevin, Ti-Poux et ton ego te laissent aux portes du ventre.
Prochain round : négocier avec les bactéries.
Prépare-toi à digérer ton passé → STADE III (20 sept prochain)
« Mets ton veston (ou reste en mou), mais viens me dire ce que t’en penses. 👔🫣 »










